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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 20:56

Bien sûr, avec son s cédille, le nom de Bucureşti a quelque chose de soyeux, qui pourrait aisément m'inciter à la rêverie.


Bien entendu, son surnom présumé de «petit Paris des Balkans» pourrait me transporter une fois encore dans un de ces univers à l'atmosphère délicieusement surannée que j'affectionne particulièrement.


Et que dire donc du caravansérail Hanul lui Manuc, datant du début du dix-neuvième siècle, avec sa cour pavée, ses balcons en bois et son toit en échandoles ?


N'y a-t-il pas là idéalement de quoi m'inviter, irrésistiblement, une fois encore, au voyage imaginaire ? Si, assurément.

 

Mais peut-on vraiment rêver de tout ? Peut-on toujours illuminer la vie en choisissant résolument de n'aimer en elle que ce qu'elle nous offre de plus admirable, de plus amusant ou de plus fascinant ? Peut-être.

 

Cependant, il est, je crois, des horreurs de l'histoire que même l'héroïsme des résistants les plus courageux qui les ont pourtant combattues avec force, au péril de leurs vies, ne saura jamais expier vraiment.

 

La dictature des Ceaucescu est encore trop récente et la terreur perpétrée par l'impitoyable Securitate et ses commandos meurtriers ne peuvent décidément ne me donner que des cauchemars.

 

Ils ont piétiné, pour longtemps encore, mon envie de rêver de Bucarest. Bien sûr, les amoureux de la liberté ont eu, avec courage et détermination, raison de la barbarie mais quelle ironie cruelle qu'en roumain, «bucur» (ou «bucuria» ?) signifie la joie ! La révolution de décembre 1989 a coûté, dans la Roumanie entière, la vie à 1104 opposants ; 564 d'entre eux furent tués à Bucarest. Et elle laissera, pour toujours, des traces indélébiles à 3 321 blessés dont 1 761 se trouvaient dans la capitale roumaine. Mais, par dessus-tout,  il faudra aussi se souvenir encore longtemps de toutes les victimes que fit le dictateur (le «Conducător» !), vingt quatre interminables années durant.

 

Alors, décidément, non, hélas, Bucarest n'est vraiment pas une ville où j'ai envie de faire une halte, je dois bien l'avouer et ce n'est sûrement pas le pharaonique «Palais du Peuple» voulu par un des caprices mégalomanes (et, de grâce, ne me reprochez pas le pléonasme) de ce fossoyeur de la liberté et de l'envie de vivre qui peut m'y retenir car je ne parviens pas échapper à ce sentiment de grisaille sinistre et de béton, transpirant encore la peur et la mort.

 

Heureusement, cependant, il y a de par le monde et sur la toile, des amoureux de Bucarest et de la Roumanie, qui réussiront bien mieux que moi à vous faire rêver.

 

J'ai de nouveau croisé, au hasard de mes déambulations  expressorientales, l'infatigable journaliste voyageur Alex Décotte, dont je vous ai déjà recommandé la chaîne sur youtube et qui a publié, en 2008, le livre La Roumanie insolite (Editions le Rocher). Si vous aimez les contes du 3ème millénaire, n'hésitez pas non plus à lire cette amusante histoire sur son site. link (bien entendu, je parle de l'article qui se trouve au bas de la page, intitulé "Ils sont là")


Et puis, quand même, envers et contre tout, je ne quitterai pas la Roumanie sans vous rappeler la déchirante « Nora Luca ». Pour celles et ceux d'entre vous qui n'auraient encore jamais vu  Gadjo Dilo, c'est bien la seule consolation que je puisse vous offrir. Les autres comprendront.

 

"Nora Luca", a capella

 

 

A défaut de rêver aujourd'hui,

offrez-vous, s'il-vous-plaît, un peu de paix et de liberté.


Si vous n'avez pas pu être présent depuis le départ de Constantinople, il est encore temps de faire un  détour :


les délices d'Alice à Istanbul

orient express

orient express 2 : Varna, Varna ! 7000 ans d'histoire !"

 

Si vous souhaitez poursuivre encore un peu le voyage en ma compagnie, je vous invite cordialement à bord :

 

mais il vous faudra patienter un peu encore...


 



 


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commentaires

S
<br /> <br /> Je ne suis pas encore mort mais j'ai vu (et apprécié) Bucureşti.<br /> <br /> <br /> C'était il y a pas mal de temps, j'ai séjourné en Roumanie entre fin 1991 et début 1992 pas très longtemps en fait après la chute des Ceaucescu.<br /> <br /> <br /> J'en garde le souvenir d'un beau pays ayant une belle et riche histoire mais terriblement abimé par des années de dictature oppressante.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je me demande souvent ce qu'il en est aujourd'hui. J'imagine bien sûr que la situation s'est améliorée depuis près de 20 ans déjà. Mais en même temps je ne me fais pas beaucoup d'illusion sur les<br /> ravages du libéralisme qui ont dû succéder à ceux du communisme totalitaire.<br /> <br /> <br /> <br />
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