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25 avril 2010 7 25 /04 /avril /2010 22:25

Agréablement surprise du nombre important de promeneurs récemment rencontrés au détour des bosquets de Lightwood, j'ai rapidement réalisé que le   "sentier printanier" (Th. Gautier)  est  particulièrement fréquenté à cette époque de l'année. Nombreux parmi vous sont en effet ceux qui flânent à la recherche d'illustrations par Théophile Gautier lui-même de ce poème. Autant que je sache, il n'a pas illustré ce poème lui-même. Mais si vous disposez d'informations différentes, je vous serais infiniment reconnaissante de venir les partager ici avec nous...

S'il est vrai, par ailleurs, que Théophile Gautier, qui était aussi, ne l'oublions pas, journaliste et critique d'art, a commenté de nombreuses œuvres d'art à travers certains de ses poèmes (à ce sujet, je vous invite à consulter, entre autres, cette page du Musée d'Orsay : "Théophile Gautier, la critique en liberté" link), à ma connaissance, ce n'est pas le cas de «Sentier Printanier ». Le chemin qui vous a mené à moi est juste une création personnelle de circonstance.

 

Bienvenue, cependant... Le jardin est particulièrement agréable à cette époque de l'année et je vous invite cordialement à déguster un rafraîchissement à l'ombre du tilleul, près de la mare.

En revanche, il semble bien que ce poème ait été inspiré à Théophile Gautier par d'autres créations poétiques, plus anciennes, ainsi que cela apparaît dans l'édition de 1890 de Œuvres de Théophile Gautier – Poésies – Premières Poésies – Albertus, Poésies diverses-link vers la reproduction de la couverture du recueil sur wikisource. Si l'on en croit wikimedia, en effet,  (par ici link et par là link),Théophile Gauthier se réfère, pour ce poème titré simplement « sentier » -et non « sentier printanier »- , au Livre des Quatre Dames d'une part, et à Alfred de Musset d'autre part.

Voici donc reproduite la version intégrale du poème, tel qu'il a été publié dans cette édition de 1890 :


Le Sentier

En une sente me vins rendre
Longue et estroite, où l’herbe tendre
Croissait très drue.
Le Livre des quatre Dames.

Un petit sentier vert, je le pris-
ALFRED DE MUSSET.

Il est un sentier creux dans la vallée étroite,
Qui ne sait trop s’il marche à gauche ou bien à droite.
- C’est plaisir d’y passer, lorsque Mai sur ses bords,
Comme un jeune prodigue, égrène ses trésors;
L’aubépine fleurit; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur,
Timide, essaie au jour son doux regard d’azur,
Et le gai bouton d’or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots,
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos;
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles,
À rendre riche en miel tout un peuple d’abeilles.
Sous la haie embaumée un mince filet d’eau
Jase et fait frissonner le verdoyant rideau
Du cresson. - Ce sentier, tel qu’il est, moi je l’aime
Plus que tous les sentiers où se trouvent de même
Une source, une haie et des fleurs; car c’est lui,
Qui, lorsque au ciel laiteux la lune pâle a lui,
À la brèche du mur, rendez-vous solitaire
Où l’amour s’embellit des charmes du mystère,
Sous les grands châtaigniers aux bercements plaintifs,
Sans les tromper jamais, conduit mes pas furtifs.

 

Dans la poésie de mon enfance, telle que je l'ai partagée avec vous précédemment,  le cadre était charmant, champêtre,... printanier en somme... Je ne saurais dire si je dois la subtilisation de la dernière partie du poème à la syntaxe particulièrement complexe de celle-ci ou s'il faut davantage y voir la pruderie excessive d'un maître d'école, soucieux d'épargner à nos esprits encore chastes, la révélation trop précoce d'émois sulfureux ? Troublant, troublant...

 

Peut-être l'un et l'autre... Toujours est-il que cette dernière partie donne, pour l'adulte que je suis devenue, une saveur nouvelle, disons plus... prononcée, à cet enfantillage champêtre, qui m'enchantait pourtant.

Le Livre des Quatre Dames, auquel il est fait référence en exergue, est un  poème courtois de 3600 vers, écrit en 1416 par Alain Chartier, clerc, notaire, et secrétaire des rois Charles VI et Charles VII.  Ce long poème, octosyllabique, narre les malheurs de quatre dames qui se demandent lequel de leurs quatre destins est  le moins enviable : l’amant de l'une est mort, celui de la seconde est prisonnier, le troisième disparaît et le dernier a déserté... Prometteur, n'est-ce pas ?...

Quant au vers de Musset, il est extrait de la comédie en vers les marrons du feu. Voici la phrase complète dont ce vers est extrait.


« Un beau soir, je ne sais comment se fit l'affaire,
La lune se levait cette nuit-là si claire,
Le vent était si doux, l'air de Rome est si pur -
C'etait un petit bois qui côtoyait un mur,
Un petit sentier vert,-je le pris-, et Jean comme
Devant, je m'en allai l'éveiller dans son somme.»


printemps nocturne, donc...



Faites de verts rêves en vers de nature amoureuse...

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