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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 09:08

Alors que depuis plusieurs jours déjà, pourtant, j'ai quitté, un peu à regret mais tranquillement, la terrasse de  quartiers d'été., pour aller savourer la fraîcheur crépusculaire du Jardin des Merveilles link, (que j'ai bien l'intention de partager avec vous d'ici peu), le plombier zingueur de Prévert, lui, continue à siffloter inlassablement sa mélodie entêtante, n'en finissant pas, à mon grand bonheur, de ne pas disparaître dans le brûlant soleil estival de Lightwood.

Sans doute les inimitables Frères Jacques, impeccablement gantés de blanc, coiffés de noir et vêtus de leurs moulants sous-pulls criards, l'encouragent-ils malicieusement, du haut de la bibliothèque, où sont soigneusement conservés les innombrables 33 tours de trois générations de collection familiale.

et-la-fete-continue-1---les-freres-jacques.jpg

 pochette "les frères Jacques chantent Prévert" (source de la photo : link)

 

Peut-être aussi faut-il simplement que je rende à Jacques ce qui appartient à Prévert et que je  n'oublie pas de reproduire ici le texte du poème en question...

 

Et la fête continue

 

Debout devant le zinc
Sur le coup de dix heures
Un grand plombier zingueur
Habillé en dimanche et pourtant c'est lundi
Chante pour lui tout seul
Chante que c'est jeudi
Qu'il n'ira pas en classe
Que la guerre est finie
Et le travail aussi
Que la vie est si belle
Et les filles si jolies
Et titubant devant le zinc
Mais guidé par son fil à plomb
Il s'arrête pile devant le patron
Trois paysans passeront et vous paieront
Puis disparaît dans le soleil
Sans régler les consommations
Disparaît dans le soleil tout en continuant sa chanson

 

Jacques Prévert, "Paroles", 1946

 

... et de rendre hommage à l'esthétique avant-gardiste et rebelle que Prévert incarne en fait bien davantage que la seule bonhommie enfantine à laquelle on le restreint souvent trop volontiers ?  

En effet, lorsque qu'en 1946, René Bertelé, qui venait de créer " Les Éditions du Point du Jour " (rachetées par les Editions Gallimard dès 1949),  publia pour la première fois "Paroles" après avoir réuni les 79 premiers textes (dès 1947, l'édition fut augmentée de 16 autres textes) , c'est Prévert lui-même qui réalisa la couverture du recueil à partir d'une photographie de Brassaï. Cela mérite bien d'être mentionné.


et-la-fete-continue-2---couverture-paroles-1946---brassai.png

couverture de "Paroles" (1946) source de la photo : link

 

La rançon de la gloire est à ce prix, les artistes le savent bien. Les créations les plus réussies prennent leur envol à la rencontre de la vie et, comme autant d'étoiles qui scintillent sur nos anxiétés, elles se transforment et s'épanouissent pour éclairer l'imaginaire des inconnus qui les recueillent avec passion.

Chacun de nous s'approprie Prévert au gré de sa propre mémoire, au fil de son propre univers et au détour de sa propre fantaisie... avec plus ou moins de bonheur, bien sûr.

 

Ainsi, Gabriel Lefebvre, qui illustra le recueil en 2002, aux éditions La Renaissance du Livre, dans la collection "Les Beaux Livres Littéraires".


et-la-fete-continue-3---gabriel-lefebvre.gif

Gabriel Lefebvre : "et la fête continue"

source de la photo : librairie l'Oiseau-lire (!...), Mons, Belgique link

 

Et, dans un style pour le moins très différent, David, le blogueur de "la mauvaise étoile" :

      et la fête continue 4 - David blog la mauvaise étoile BD

source de l'image : link    

 

Merci donc aux artistes, aux maîtres d'école et à tous ceux qui donnent encore aux enfants d'aujourd'hui à lire, à voir, à entendre et même à apprendre  la poésie de Prévert, continuant ainsi ses chansons afin qu'il ne disparaisse jamais vraiment, qu'il pleuve ou bien qu'il vente.

 

Faites de libres rêves de paroles enchantées

 


 

 

 

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  • Dans les brumes caféinées d'un dimanche matin pluvieux, les dessins animés s'égosillent en vain : mes neurones restent suspendus aux effluves tenaces de mes perles de rêves.
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