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21 décembre 2010 2 21 /12 /décembre /2010 19:20
Le long de cette longue rue pavée, bordée de hautes façades ininterrompues, aux fenêtres immenses, le spectacle qui s'offre à mes yeux ébahis ressemble à un décor. Un décor de théâtre pour un huis clos en extérieur. Il ne manquait plus que la neige pour parfaire le sentiment d'un monde hors du monde, d'une fiction en trois dimensions.Comme la grande scène du théâtre de la vie.
A l'abri des rideaux tirés, derrière les volets mi-clos, en coulisse, les destins en backstage se font et se défont, tragi-comédies individuelles, drames privés et vaudevilles personnels. Dans le silence des conversations, inaudibles à travers les carreaux embués, pantomimes derrière les fenêtres voilées, à l'abri des portes fermées.
Ce n'est que lorsque les rideaux se lèvent, lorsque les portes s'ouvrent, lorsque les fenêtres s'entrebaillent timidement qu'alors, le spectacle commence vraiment. Le spectacle de la vie.
Allers et venues précipités, claquements de portes et crissements de pneus, rires d'enfants, murmures amoureux, chuchotement de mamans, grelottements de grands-mères, aboiements et glapissements divers, d'hiver, se mêlent et s'entrechoquent, au hasard, à l'infini et se perdent, dans le sentier de nuages neigeux que les toits alignés ont tracé dans le ciel.
Comme sur la scène du théâtre de la vie : amours enfouies, tristesses tues, joies enfantines. Des coups de cœur, des coups de poings, des coups de sang, des coups de gueule, des coups de chance. Des coups de fil aussi, avec un peu de chance...
La vie prend vie, la réalité s'anime, la rue respire, soupire, transpire et puis, petit à petit, les cris cessent, les rires se taisent, les moteurs s'éteignent, les portes se referment et la nuit s'installe.
Et si la vie n'était pas juste une vaste scène de théâtre ? Et si chaque émotion exprimée était seulement bouleversante de vérité, touchante et nue, grelottant dans l'air trop froid d'une journée neigeuse de décembre enrhumé ?
Et si la vie existait vraiment ? Réelle au-delà des mots pour la décrire, au-delà des images pour la représenter, au-delà de la psychologie pour essayer de la comprendre ?
Ce soir commencera la nuit plus longue. La plus longue de la vie ? Enfouis dans le lit de la nuit, tapis au creux de l'hiver qui s'ennuie, sans envie, nos rêves s'enfuiront, sans bruit, vers le ciel qui luit. Iront-ils, en chantant, enchanter les étoiles qui brillent, belles de nuit, belles en vie, pour éclairer d'envie notre hiver qui frémit ?
Etoiles d'envie, qui dansent, en transes. Sur la scène du théâtre de la vie...

 

 

 

« Mut ! » ("Courage !"),interprété ici par l'incontournable  Dietrich Fischer-Dieskau, accompagné de Gerald Moore, est le vingt-deuxième des vingt quatre Lieder qui composent le "Winterreise" ("voyage en hiver" ? "voyage d'hiver" ?) de Franz Schubert (sur les poèmes de Wilhelm Müller) : de loin le plus jubilatoire... Le seul, en vérité, à exprimer brièvement un peu d'espoir avec un slogan à reprendre de tout temps et par tous les temps : "Entrons gaiement dans le monde, contre vents et marées !" ("Lustig in die Welt hinein,/ Gegen Wind und Wetter ! »

 

 

Mut (Courage)
Fliegt der Schnee mir ins Gesicht, (If the snow flies in my face,)
Schüttl' ich ihn herunter. (I shake it off again.)
Wenn mein Herz im Busen spricht, (If my heart speaks in my breast,)
Sing' ich hell und munter. (I sing loudly and gaily.)
Höre nicht, was es mir sagt, (I don't hear what it says to me,)
Habe keine Ohren; (I have no ears to listen;)
Fühle nicht, was es mir klagt, (I don't feel what it laments,)
Klagen ist für Toren. (Complaining is for fools.)
Lustig in die Welt hinein (Happy into the world,)
Gegen Wind und Wetter ! (Facing wind and weather !)
Will kein Gott auf Erden sein, (If there's no God upon the earth,)
Sind wir selber Götter ! (Then let us be Gods ourselves !)

Wilhelm Müller


Faites de brillants rêves de vie, qui se réjouit
du spectacle de la nuit qui va
au rythme du coeur qui se bat
Ah, oui !

 

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  • Dans les brumes caféinées d'un dimanche matin pluvieux, les dessins animés s'égosillent en vain : mes neurones restent suspendus aux effluves tenaces de mes perles de rêves.
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