Fascinante Toile ! Quelles secrètes cyber-quêtes dissimules-tu donc dans les méandres de tes connexions anonymes ?... Je savoure avec curiosité les visites inattendues, les réceptions improvisées, c'est avec un plaisir sans feinte que j'accueille les requêtes énigmatiques, si stimulantes pour ma curiosité, éprise d'inconnu et de surprises.
La persévérance avec laquelle les uns et les autres continuent inlassablement à se passionner pour le sort d'Alice (Raymonde) est en définitive aussi mystérieuse et excitante que l'enquête elle-même ! Et je serais ravie si vous aviez l'obligeance de confier aux passagers de Lightwood l'objet de votre quête romanesque personnelle... N'hésitez pas à faire part de vos "rêves à haute plume"...
Pour revenir au destin de l'éphémère enfant adoptive de Pablo Picasso et d'Amélie Lang, il semble bien qu'il faille bientôt définitivement s'éloigner de la fiction consacrée à Max Jacob. A titre d'exemple, parmi bien d'autres, l'extrait suivant consacré au téléfilm de Dan Franck :
CITATION : " « Pour lier ces deux périodes, j'ai inventé le personnage d'Alice, qui s'inspire de Raymonde, cette petite fille que Picasso a adoptée, puis renvoyée à l'orphelinat. On croit savoir qu'elle était très attachée à Max. Je l'ai imaginée en 1944, tentant de sauver l'homme qui avait essayé de la protéger lorsqu'elle était enfant. » Cette liberté prise avec la vérité historique, Dan Franck la revendique comme constitutive de son projet, qui emprunte à la fiction ses raccourcis inévitables. De quoi lui attirer déjà les vives critiques de certains « jacobiens ». Lina Lachgar, auteur d'Arrestation et mort de Max Jacob (aux éditions de La Différence), ne décolère pas. « Je ne suis pas contre ce type de fictions, encore faut-il qu'elles soient bien étayées. » Or, le film est à ses yeux « un tissu d'inepties ». A commencer par l'importance accordée au personnage d'Alice-Raymonde - « un épiphénomène dans la vie de Max »".
source : Télérama.fr
Bonté céleste, que de colère déployée contre la liberté de l'imagination ! Mais de fait, il nous faut bien concéder qu'en s'obstinant sur les traces de Max Jacob, l'on ne peut guère glaner que quelques maigres allusions à la jeune fille et à son triste destin.
(triste à plusieurs titres, semble-t-il, à condition toutefois que l'on tienne à accorder crédit au sixième paragraphe de l'étude consacrée à Picasso par l'ésotérique revue The Enneagram and the MBTI , paragraphe déjà cité, entre autres par le "guichet du Savoir" )
La sixième édition du bulletin semestriel « Lettres et mots », bulletin de la passionnante et très documentée "Association des Amis de Max Jacob" évoque, quant à elle, la source de l'épisode qui a inspiré le réalisateur :
"Dans Monsieur Max, Dan Franck a présenté la figure du poète que la solitude et la vie en marge des sentiers battus ont profondément ému. Il a construit son récit à partir d'un fait réel : l'abandon en 1907 par le couple Picasso-Olivier d'une petite Raymonde (Alice dans le film) que Jacob dut ramener à l'orphelinat - 4 -
[...]
4. Max Jacob-Picasso, éd. R.M.N., H. Seckel et A. Cariou, 1994, pp. 60 et 61."
« chez Salmon, la figure de Jacob rattrape la cruauté de Picasso face à la petite Raymonde (Léontine) »
« Deux autres traits reviennent fréquemment pour figurer Max Jacob : le statut de victime et la pauvreté. Dans presque tous les romans du corpus, à l’exception de ceux d’Apollinaire et de Sachs, le personnage figurant Max Jacob est victime des autres ou de lui-même, [...], en arrangeant les affaires embarrassantes de Picasso (Salmon) ou en étant dévalorisé par ce dernier (Aragon). Ce statut de victime dès les années vingt du XXe siècle est des plus intéressants, car il ne sera que renforcé par les événements de la Seconde Guerre mondiale et la mort tragique de Jacob. »
A moins que, intrigués eux aussi par la curiosité que suscite l'adoption d'Alice-Raymonde-Léontine, les "Amis de Max Jacob", n'entreprennent à leur tour d'approfondir la connaissance de ce bref épisode, nous n'en saurons, je le crains, guère davantage sur l'attachement éventuel qui a pu lier le poète et la jeune orpheline.
Sans doute ne nous reste-t-il donc qu'à laisser vagabonder notre imagination au gré de notre admiration pour l'inventivité du poète de Rochefort ?...